Patrocle regardait l'inconnu quitter le bureau des plis de la mairie de cette cité dans laquelle il était arrivé la veille. Se tenant près de la porte, restée ouverte malgré le froid, il lui avait semblé entendre émaner du dialogue qui se tenait à l'intérieur le mot "Gascogne". Il lui avait, semblait-il, avoir également perçu une sonorité se terminant par "zigues".
Il regardait l'inconnu s'éloigner, et hétisa à le suivre. Il opta pour finalement rentrer à l'intérieur. Il aperçu la dame dont il entendait la voix quelques minutes auparavant. Celle-ci se préparait à partir manifestement.
Elle fut visiblement agacée de découvrir l'inconnu rentrer dans la pièce, et elle dévisagea son mantel beige tout abimé par l'usure du temps.
- Encore..., marmona-t-elle...
- Agur ma p'tite dame. Excusez-moi de vous déranger, mais...
- Désolée, mais je ferme , s'agaça-t-elle
Patrocle, puisque c'était son nom, devinait que la dame ne ferait aucun effort pour l'aider. Afin d'être certain que ses oreilles ne l'avaient pas trahi, il hasarda :
- Excusez-moi, ma ptite dame, mais j'en ai pour deux petites minutes. Je voudrais juste expédier un plis pour la Gascogne.
- Encore !?! Mais qu'avez-vous donc tous avec la Gascogne ce soir ??
Patrocle esquissa intérieurement un petit sourire victorieux.
- Pourquoi dites-vous celà ?
- La personne qui était là, avant vous, a aussi envoyé un plis pour la Gascogne.
Il décida alors à lâcher un nouveau mensonge.
- Ah, il devait s'agir de mon cousin Olixius. Et bien, s'il a pu envoyer son plis, le mien est inutile. Il s'agissait de la même affaire. Il vous a dit son nom ?
- Non, il m'a juste dit que c'était un excellent ami du maire Arzhel. Enfin... je ne sais pas... Il avait un sourire en coin quand il dit ça.
- Alors, ma présence ici est inutile, ma p'tite Dame... Je ne vais pas vous retarder, d'autant que ma femme m'attend. Elle m'avait bien dit : "Va voir à la poste pour vérifier que ton cousin Olixius a bien expédié le plis, et à ton retour essaie de nous trouver une miche de pain et des fleurs pour le jardin, et puis tu...
La dame s'impatientait pendant le monologue interminable de l'homme. Son homme a elle devait probablement commencer à s'impatienter.
Patrocle s'arrêta enfin, puis la salua avant de rejoindre la sortie. Un mètre avant la sortie, il se retourna puis porta la main à ses cheveux.
- Dites donc, c'est bien à notre oncle Bouzigues qu'il écrivait. C'est juste pour être sûr, car ma femme...
- Oui, c'est ça ! Pour votre oncle Bouzigues! s'impatienta-t-elle en le coupant.
Satisfait, Patrocle sortit du bureau sous le regard à la fois agacé et fatigué de la dame.